Marché
Un marché est un lieu où des vendeurs se réunissent pour proposer leurs produits aux consommateurs. Par extension, pour les économistes le marché est le lieu fictif où se rencontrent les offres et les demandes.
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- Pour les spécialistes du marketing, le marché est constitué par la totalité des ... Ø la politique mercatique (prix, produit, distribution, communication).... (source : fda.ccip)






Un marché est un lieu où des vendeurs se réunissent pour proposer leurs produits aux consommateurs. Par extension, pour les économistes le marché est le lieu fictif où se rencontrent les offres et les demandes. Dans ce cas le marché est une institution[1] régie par des lois et des règles sur lesquelles les économistes ont de forts désaccords.
Science économique
Le marché vu par quelques grands économistes
- Augustin Cournot écrit «On sait que les économistes entendent par marché, non pas un lieu déterminé où se consomment les achats et les ventes, mais tout un territoire dont les parties sont unies par des rapports de libre commerce, en sorte que les prix s'y nivellent avec facilité et promptitude»[2].
- Pour Paul Samuelson et William D. Nordhaus «un marché est un mécanisme par lequel des acheteurs et des vendeurs interagissent pour déterminer le prix et la quantité d'un bien ou d'un service»[3]. Prix et quantité interagissent-ils de façon égale ou y a-t-il une variable principale d'ajustement ? Les économistes sont partagés : pour Alfred Marshall, la variable clé est plutôt la quantité, pour Léon Walras, le prix[4]. Comment ce mécanisme agit-il ?
- Léon Walras introduit la notion du commissaire priseur en notant «les marchés les mieux organisés sous le rapport de la concurrence sont ceux où les ventes et les achats se font à la criée, par l'intermédiaire d'agents tels qu'agents de change, courtiers de commerce, crieurs, qui les centralisent, de telle sorte qu'aucun échange n'ait lieu sans que les conditions en soient annoncées et connues et sans que les vendeurs puissent aller au rabais et les acheteurs à l'enchère»[5].
- Chez Adam Smith au contraire les prix ne sont pas donnés avant l'échange mais au contraire «l'intérêt individuel ne résorbe et ne règle les écarts des prix de marché que étant donné que un premier écart le forme comme réagissant plutôt qu'agissant»[6].
Marché et rationalité
- Max Weber insiste sur la rationalité introduite par le marché dans la société moderne qu'il oppose à la rationalité plus partielle des communautés anciennes : «La sociation[7] par l'échange sur le marché comme archétype de toute activité sociale rationnelle, s'oppose désormais à toutes formes de communauté dont nous avions parlé jusqu'désormais, lesquelles n'impliquent qu'une rationalisation partielle de leur activité communautaire»[8].
- D'autres auteurs[9] vont mettre en avant que les acteurs sur les marchés ont tendance à l'imitation et au mimétisme ce qui peut provoquer des bulles spéculatives.
Le marché, les marchés
Pour Roger Guesnerie[10], le terme de marché est une abstraction qui recouvre des «abstractions intermédiaires qu'on nomme les “marchés”». On parle par exemple du marché des biens et services, de marchés financiers, de marché monétaire, de marché du travail etc. Suite au protocole de Kyōto, un marché du «droit de polluer» se développe dans le cadre de la bourse du carbone.
Les institutions du marché
Pour Roger Guesnerie[11] pour qu'il y ait marché, au moins deux institutions[12] sont nécessaires.
- Des règles de droit nécessaires pour garantir les échanges. Hernando de Soto dans le Le Mystère du capital insiste sur l'importance d'un dispositif de droits de propriété clairement garanti par l'État. Selon lui, la généralisation et la standardisation des titres de propriété permet une plus grande confiance dans les relations entre acteurs économiques (et par conséquent un marché plus fluide) qui entraine la création d'un dispositif complexe de mutualisation du risque (et par conséquent un marché plus souple, moins soumis aux à-coups) pour in fine aboutir à une économie plus prospère.
- La monnaie
Marché et État
Certains auteurs insistent sur le rôle de l'État, alors que d'autres voient le marché comme une alternative plus ou moins partielle à l'Etat.
- Pour Charles Lindhom, dans The Market system, «si le dispositif de marché est une danse, c'est l'État qui apporte la piste et l'orchestre»[13]
- Pour Paul Samuelson et Nordhaus, «l'essentiel de notre vie économique se déroule sans intervention de l'État ; c'est la vraie merveille de notre société»[14]. Cependant des défaillances du marché liées aux externalités aux monopoles etc. peuvent justifier une intervention publique.
Marché ou firmes
Pourquoi existe-t-il des firmes ? Depuis les travaux de Ronald Coase et de leur approfondissement par Oliver Williamson, les économistes distinguent deux modes de coordination des activités économiques : un mode décentralisé, où les individus sont libres : le marché ; un mode centralisé où les être humains sont soumis à une hiérarchie : la firme. Le marché génère des coûts de transaction (recherche d'information, incertitude, opportunisme des agents, etc. ) et la firme des coûts d'organisation (appareil bureaucratique, difficulté de gérer des ensembles complexes, etc. ). Si les coûts de transaction sont inférieurs aux coûts d'organisation, il est intéressant de recourir au marché et pour les entreprises de peut-être adopter une stratégie d'externalisation. Dans le cas opposé, il est intéressant de recourir à la firme et peut-être pour les sociétés d'adopter une stratégie d'intégration verticale ou d'intégration horizontale.
Marché (secteur professionnel)
Le marché ici est un lieu de rencontre et de transactions entre commerçants ou professionnels et consommateurs.
Marché classique respectant les traditions en France
En France, les marchés locaux sont à l'origine conçus pour la vente des productions locales des jardins, des élevages, des vergers et des diverses fabrications locales, généralement vivrières et artisanales, dont la quantité est trop faible ou trop irrégulière pour être marchande au niveau national. La production locale et artisanale offre un gage de qualité, alors que le circuit court sans conditionnement, sans transport, et sans intermédiaires permet un prix intéressant pour le producteur et pour le consommateur. La liberté du commerce autorise des commerçants de vendre à bas prix des productions d'importation étrangère et des produits manufacturés identiques à ceux de la grande distribution.
Pour soustraire leurs produits de cette concurrence internationale et valoriser leur qualité, des agriculteurs et artisans ont créé des marchés dits «de producteurs» fermés à ces commerçants. Le plus emblématique de ces marchés est , peut-être, celui du hameau de Montredon sur la commune de La Roque-Sainte-Marguerite initié en 1989 par les habitants.
Marché à la criée
Ce sont généralement des marchés sur lesquelles s'échangent des poissons et autres produits de la mer. Un chef de vente jadis nommé «crieur» est chargé d'établir un prix de départ au kilo des différents produits. Les enchères sont descendantes c'est -à-dire que le premier acheteur qui montre son intérêt décroche le lot. Il existe cependant un prix de retrait pour éviter que les prix ne descendent trop bas[15].
Marketing
Le marketing propose trois visions du marché. La vision «produit» segmente le marché en quatre avec un marché principal qui est la totalité des produits identiques entrant directement en concurrence les uns comparé aux autres (par exemple, le marché des consoles), le marché environnant qui est la totalité des produits différents mais concourant à la satisfaction d'un même besoin (par exemple le marché des collants et celui des bas), le marché support est constitué des produits dont la présence est indispensable à la consommation des produits du marché principal (les pantalons, les jupes, par exemple) et le marché générique est celui de la totalité des produits issus du marché principal et environnant (celui de l'habillement pour reprendre nos exemple qui ont précédé).
La vision du marché centrée sur la demande étudie l'ensemble des clients capables et désireux d'effectuer un échange marchand en vue de satisfaire un besoin ou un désir.
Dans une optique centrée sur l'échange, enfin, le marché correspond au volume d'affaires total d'une activité.
Marché et démocratie
Pour Laurence Fontaine[16] le marché est un «ferment de démocratie» entendue comme «le dispositif politique autorise chacun de participer à la vie publique, qui reconnaît chaque individualité et qui a finalement pour but d'aider chaque individu à être acteur de sa vie»[17]. En effet, selon cet auteur, le marché suppose l'égalité des individus et s'oppose aux sociétés aristocratiques où la majeure partie est le statut des personnes. D'autre part, le marché est un «ferment de libération» comme le montre, pour Laurence Fontaine, le cas des femmes commerçantes de Nouakchott[18]. Enfin, le marché tend à pousser les individus à développer leur savoir et savoir faire, leur capabilité pour reprendre un terme d'Amartya Sen[19] Cependant, le marché peut être aussi un lieu de tricherie et de violences, l'important alors c'est le dispositif de lois qui les encadre[20]
Galerie
![]() Le nouveau marché Baltard du Plessis-Robinson, Hauts-de-Seine. |
![]() Marché de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). |
![]() Marché de la Ribera à Bilbao (Pays basque, Espagne). |
![]() Le marché couvert de Rīga en Lettonie dans d'anciens hangars à zeppelins. |
![]() Marché du Campo de'Fiori à Rome. |
![]() Détail d'un étalage au marché de la Boqueria à Barcelone. |
![]() Le marché aux poissons de Tsukuji à Tōkyō. |
![]() Le marché de Ben Thanh à Hô-Chi-Minh-Ville, Vietnam. |
Notes et références
- Fontaine, p. 84
- Augustin Cournot, Recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richesses, chap. IV, V cité dans Alfred Marshall, 1906, Principes d'économie politique, Librairie de Droit et de Jurisprudence et Gordon&Beach, 1971, p. 105
- Samuelson et Nordhaus, 16e édition, 1998, 2000, p. 27
- «Le modèle de Walras sera un modèle d'ajustement par le prix ; le modèle de Marshall un modèle d'ajustement par la quantité», Jessua, 1991, pp. 337-338
- Walras, p. 44
- Mathiot, 1990, p. 116
- Il utilise bien le mot sociation
- Max Weber, économie et société 2, p. 410
- Voir Dupuy, 1997, pp. 266-276
- Guesnerie, 2006, p. 23
- Guesnerie, 2006, pp. 23-24
- Pour Xavier de la Vega, «Les institutions sont la totalité des règles formelles (lois, constitutions, règlements) et informelles (conventions, routines, normes sociales) qui encadrent les interactions» voir article, l'économie des institutions, Sciences Humaines n° 1642, octobre 2005
- Charles Lindblom, The Market System, 2001
- Samuelson et Nordhaus, 2000, p. 26
- La Pêche et ses hommes, éditions Haliotika, Le Guilvinec, p. 25
- Fontaine, p. 84
- Fontaine, p. 84
- Fontaine, p. 84
- Fontaine, p. 88
- Fontaine, p. 89
Voir aussi
Liens externes
Bibliographie
Manuel et travaux universitaires
- Léon Walras, 1874, Éléments d'économie pure, Librairie générale de droit et de Jurisprudence, 1976
- Max Weber, 1921, Économie et Société, Agora, édition poche 1995.
- Ronald Coase, 1937, The Nature of the firm, Economica, 1937
- Jean Mathiot, 1990, Adam Smith, philosophie et économie Puf
- Claude Jessua, 1991, Histoire de la théorie économique, Puf
- Jean-Pierre Dupuy, 1992, Libéralisme et justice sociale, Hachette, 1997
- Oliver Williamson, 1994, Les institutions de l'économie, Interéditions
- Paul Samuelson, William D. Nordhaus 1998, Économique, 16e édition traduction française Economica, 2000
- William Baumol, 2002, The Free-Market Innovation Machine : Analyzing the Growth Miracle of Capitalism, Princeton University Press
Ouvrages et articles plus généralistes
- Bernard Guerrien, 2005, «Marché et marchandage», Alternatives économiques n° 233
- Roger Guesnerie 2006, L'économie de marché, Le pommier.
- Bernard Guerrien, 2006, «À propos de la loi de l'offre et de la demande», Alternatives économiques n° 244
- David Thesmar et Augustin Landier, Le grand méchant marché, décryptage d'un fantasme français, Flammarion, 2007, ISBN 2-08-210593-8
- Laurence Fontaine "Le marché ferment de démocratie" Propos receuilles par Philippe Frémeaux, Alternatives économique n°282, juillet-août 2009. Sur le même thème du même auteur voir [[1]]
- Arnaud Parienty, «A quoi sert le marché ?», Alternatives Économiques n°286, décembre 2009
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